Aussi appelé Taddart Ouguerram (Le rucher du Saint) est un rucher collectif qualifié de trésor du patrimoine historique Berbère,il fait partie de la commune rurale d’Argana (Province de Taroudant) et situé à 82 km au nord d’Agadir. Connu dans la communauté mondiale des apiculteurs, c’est le plus grand et le plus vieux rucher collectif au Monde, sa construction date vers les années 1830.
Inzerki est le site le plus propice pour les abeilles, il combine de multiples avantages : une surface Sud à une altitude moyenne de 980 mètres et bénéficie d’un long ensoleillement, ainsi qu’un climat relativement stable sur toute la bonne saison, une panoplie de plante et fleurs mellifères (Thym, Lavande, Arganiers, Palmiers, fleurs de montagne,…), un isolement relatif par rapport aux centres urbains et la facilité de surveillance du site, d’ailleurs un gardien surveille l’ensemble et la production de miel est partagée par plusieurs douars de la tribu et reste ainsi un héritage ancestral de valeur. C’est pourquoi les apiculteurs des douars de la région ont adopté cet endroit comme emplacement permanent et construit ce rucher collectif, qui leur permet de ne plus devoir déplacer les ruches. Ce rucher est intelligemment implanté et conçu, bâti en pisé (mélange de boue et de paille), disposé en terrasses et se compose d’un millier de casiers (tizghit, pl. tizghatine) dans lesquels sont entreposés des ruches de roseaux sous forme de cylindre (ssilt), chaque case peut contenir jusqu’à trois ruchers. Quelques 80 familles disposent ainsi d’emplacements,chacune possédant d’un ou plusieurs cases, on y trouvait donc, au moment où l’activité fut la plus élevée, un total de quelques 4000 ruches sur ce seul endroit, ce qui donne un peu près 25 000 kilos de miel qui sont produits chaque année par ce rucher.
Dans la région du Souss deux races d’abeilles sont élevées, l’abeille noire qui est réputée pour son agressivité et l’abeille Saharienne qui est réputée elle pour sa douceur. Ils se sont croisée entre elles donnant une nouvelle race spécifique à la région qui combine les valeurs de deux précédentes, très résistante et très prolifique, nettement moins agressive que l’abeille noire.
Tragiquement, en 1990 puis en 1996, des tempêtes inhabituelles ont endommagé le rucher. Par conséquent de nombreuses cases se sont effondrées, ce qui a conduit à un abandon du site au profit de ruches modernes, faciles à déplacer en cas de nécessité. Malgré des tentatives de réhabilitation du site en 2006, aidées par des associations étrangères, le rucher n’a pas encore retrouvé aujourd’hui son activité d’auparavant, il contient quelques ruches qui servent plus à la démonstration qu’à une réelle production. Les nouvelles constructions ne répondant malheureusement pas exactement au modèle d’origine, notamment pas la qualité du bois employé. A l’origine ils ont utilisé du bois de thuya, réputé pour sa bonne tenue dans le temps et ne pourrit pas, mais très cher. Par contre les réparations ont été faites avec du bois d’eucalyptus, qui n’a pas du tout les mêmes propriétés de durabilité. D’autres soucis, comme la mauvaise évacuation de l’eau de pluie, sont encore à déplorer. Résultat dû au fait que l’entrepreneur qui a réalisé les travaux n’était pas qualifié en apiculture traditionnelle. À cet égard l’association Igounane-Inzerki est une ONG nouvellement créée pour sauvegarder cet important patrimoine apicole et le faire revivre.
Aujourd’hui plusieurs douars de la tribu des Ida Ouziki se partagent ce rucher : Igounane, Inzerki, Meslla, Iguer, Taourirte, Mezzinte, Aguensa, et Argana. D’ailleurs la vente de miel constitue souvent l’unique source de revenu des familles locales, ces dernières ont créé une entité – la Coopérative des femmes d’Inzerki – afin de mieux gérer cette ressource vitale héritée de leurs ancêtres.